PORTRAIT DE BASSINE : AMURE

 

Quand on parle de bassines ou de réserves de substitution, cela reste abstrait. Voici de quoi mieux se représenter les choses :

 

Je suis Amuré la gigantesque. Idéalement située au Buisson de la roue, en bordure de Marais Poitevin entre des zones Natura 2000 et à deux pas du marais d’Alzom. Quand mes créateurs m’auront donné naissance, je m’étendrai sur 18 hectares. Je pourrais aisément recouvrir les villages d’Amuré ou de St Georges du Rex.

Dans mes flancs pourront tenir quasiment 1 million de m3 d’eau. Il faudra au moins 2 mois et demi, et sans doute bien plus, pour me remplir à partir de 6 forages (en faisant monter mon niveau de 14 cm par jour), certainement pas avec de l’eau de pluie ! Avec mes 10,4 km de canalisations, je vais livrer de l’eau sous pression aux irrigants en 15 endroits. Les agriculteurs qui vont en profiter sont bien contents. On me dit qu’il en reste encore qui vont continuer à pomper dans la nappe phréatique : j’espère qu’ils ne croient pas qu’il n’y aura plus de restriction de l’irrigation dans les étés à venir. On en parle souvent entre nous : c’est sûr que cela va arriver et on se demande comment ils vont faire. Ils sont moins habitués à cela que leurs collègues qui n’irriguent pas.

De ce côté-ci du royaume, j’ai une petite sœur déjà vivante à côté de moi de 50 000 m3  autour de laquelle pousse principalement du maïs. Ma plus proche rivale est St Félix qui ne contiendra que 800  000 m3. C’est dire si je mérite les plus de 5 millions d’euros que je vais coûter !

Comme mes autres collègues, je suis censée venir en aide aux éleveurs. Hélas, à Amuré, il n’en reste plus qu’un et il n’irrigue pas! Qu’y puis-je? Heureusement, les autres agriculteurs vont pouvoir augmenter leurs rendements et continuer à empoisonner notre eau.

Lorsque je me remplirai, mon concepteur assure qu’il évitera de trop baisser la nappe sous les marais en été ainsi que le tarissement des sources qui les entourent et les nourrissent (mais il est quand même un peu inquiet pour la tourbière du Bourdet et très inquiet pour le Marais de Bergné à côté d’Alzom). Il dit aussi qu’après application des mesures qu’il préconise, il n’y aura aucun impact résiduel sur le milieu et les oiseaux de la plaine (il sait tout, c’est un génie je vous dis !). Evidemment, il ne parle pas des poissons, des oiseaux et autres bestioles aquatiques du marais de Bergné, mais franchement, ça intéresse qui ?

Enfin, grâce à un aménagement paysager « minimaliste » (une digue de 10m de haut et mes annexes), je serai un joyau dans le paysage, jugez plutôt sur cette photo où je montre mon plus joli profil !

Admirez moi et craignez moi car c’est moi qui déterminerai vos cultures pour les 20 ans à venir.

Je suis Amuré, la gigantesque.

 Enjeux environnementaux

La nappe phréatique dans laquelle sera prélevée l’eau de la bassine d’Amuré alimente la tourbière du Bourdet mais aussi les marais d’Alzom, de Bergné et de l’Ile-Bapaume.”
Moins connus que la tourbière du Bourdet, couverte par un “arrêté de protection de biotope”, le marais d’Alzom (Le Bourdet) et les marais de Bergné et l’Ile Bapaume (Saint-Georges de Rex) se situent en zone Natura 2000.

Ces marais comportent des parties cultivées en maïs, des prairies humides à carex, des prairies pâturées, des boisements humides et des peupleraies. De nombreux alignements de Frênes têtards bordent les fossés séparant les parcelles.

Son caractère de zone humide se remarque également à la présence de plusieurs espèces d’Odonates et d’Amphibiens, et à l’avifaune sédentaire associée : Bergeronnette des ruisseaux, Bouscarle de Cetti, Cisticole des joncs, Héron cendré, Héron garde-boeufs, Héron pourpré, Loriot d’Europe, Martin-pêcheur d’Europe pour les plus représentatives.

Cette zone fournit enfin un abri à des espèces migratrices et hivernantes : Bécassine sourde, Bruant des roseaux, Cigogne blanche, Courlis cendré, Milan royal, Pluvier doré, Tadorne de Belon, Tarier des prés, Vanneau huppé etc. Sources : www.nature79.org

Les habitants et certains éleveurs vivant dans ces marais sont très inquiets de l’impact qu’auront les pompages hivernaux sur le milieu dans lequel ils vivent.

Joëlle Lallemand (APIEEE) et Cédric Rodon (GODS)